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FICHE D’INFO : 4 choses à savoir sur la "bonne santé" du marché africain du tabac

Cet article date de plus de 7 ans

+++ Cette fiche d'info a été initialement publiée le 2 juin 2016 +++

La production mondiale de tabac est estimée à environ 7,5 millions de tonnes par an. Elle est dominée par la Chine, l’Inde, le Brésil et les Etats-Unis.

En Afrique, le Malawi, la Tanzanie et le Zimbabwe sont les têtes de proue de la culture de tabac. En 2011, ces pays d’Afrique ont respectivement enregistré la production de 174 928, 130 000 et 111 570 tonnes de cette matière.

Des importations en hausse sur le continent


Si les courbes d’évolution des importations de tabac ne sont pas particulièrement stables d’une année à une autre, il est à noter que depuis les années 1960 – 1970, les importations de tabac ont, de manière générale, nettement augmenté en Afrique, avec parfois des croissances exponentielles. C’est le cas du Nigeria qui est passé de 644 000 $ en 1973 à 126 959 000 $ en 2013.

La hausse des importations de tabac en Afrique s’explique, en partie, par la croissance démographique et donc logiquement par l’augmentation du nombre de fumeurs. Mais étant donné que dans beaucoup de régions du monde où la population augmente également, le tabagisme régresse, cela ne peut être la seule raison de l’augmentation du nombre de fumeurs. D’autres facteurs doivent être considérés.

Selon des chercheurs de l’Université de Tokyo au Japon, cité dans un paru en mars 2015, « Le nombre de fumeurs tend à diminuer dans une majorité de pays à travers la planète (…). Mais parallèlement, la tabagie tend à migrer des pays à revenus faibles ou moyens d’Europe et du Pacifique vers les pays d’Afrique et de l’Est de la Méditerranée ».

Une information corroborée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui avance que « près de 80% du milliard de fumeurs que compte la planète, vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire », une catégorie dans laquelle se situe la plupart des pays africains.

Selon Actualitix, l’Algérie, l’Egypte, la Lybie, l’Afrique du Sud et le Maroc arrivaient en tête d’un classement sur le coût des exportations de tabac dans 51 pays d’Afrique en 2013. Le cumul du prix de ces exportations est évalué à environ 2,7 milliards de dollars américains.

Aussi, des données de la Banque mondiale renseignent qu’en 2012, la prévalence des fumeurs chez les hommes en Afrique (pourcentage d’hommes de 15 ans et plus qui fument toute forme de tabac) était comprise entre 9% (Ethiopie) et 55% (Sierra Leone).

La publicité dope le marché africain


L’une des raisons avancées pour expliquer l’augmentation du nombre de fumeurs en Afrique est les sommes d’argent que les compagnies ont investies dans la publicité en Afrique, au cours de ces dernières années.

Dans un entretien accordé à passeportsanté.net, Inoussa Saouna de SOS Tabagisme Niger, expliquait que «la publicité du tabac, dans les pays d’Afrique, cible les jeunes, par exemple par le biais des commandites d’événements sportifs ou culturels, ou même par la distribution gratuite de cigarettes (et) on remarque presque chaque semaine l’apparition de nouvelles marques de cigarettes ».

« La publicité que l’on fait autour du tabac, l’imitation de mauvaises habitudes, le souci de paraître ou de frimer, surtout chez les jeunes, voilà un peu comment le tabac a pris de l’ampleur dans les habitudes. Et puis, ça ne coûte pas grand-chose en Afrique de manière générale », analyse, pour Africa Check, le Docteur Oumar Ba, de la Direction de la prévention dans la lutte contre le tabac au Sénégal.

Autre paramètre qui n’aide pas à faire baisser l’effectif des fumeurs au Sénégal, « c’est que, malheureusement, les mesures prises pour combattre le tabagisme ne sont pas encore opérationnelles ou réellement appliquées »poursuit le Docteur Ba, indiquant que « des gens sont en train de s’activer pour une réelle application ».

Pour Oumar Ba, «il y aurait déjà certainement eu un début de résultat si l’interdiction de fumer dans les lieux publics, l’interdiction de fumer chez les jeunes, en milieu scolaire notamment et l’interdiction de vendre du tabac à des jeunes étaient effectives ».


Les Etats se frottent les mains


En 2014 en Afrique, 41 pays  prélevaient des taxes sur le tabac

Selon Courrier International, ces taxes variaient de 11 % à 76 %. Le taux d’imposition le plus élevé étant celui de Madagascar.

A titre d’illustration, la Société nationale algérienne des tabacs et allumettes a versé pas moins de 60,7 milliards de dinars au Trésor public en 2005 (549 millions de dollars américains).

L’an dernier, la Côte d’ivoire projetait de réaliser 6,7 milliards FCFA de recettes fiscales sur l’industrie du tabac après la mise en place d’une nouvelle taxation, d’après Ecofin Finance.

La hausse des taxes comme mesure de lutte


Qu’il s’agisse de la Ligue sénégalaise contre le tabac, de SOS tabagisme au Niger, de l’Alliance nationale des consommateurs et de l’environnement au Togo ou de la Coalition camerounaise contre le tabac, les organismes de lutte contre le tabagisme sont nombreux en Afrique.

Ces opposants au tabagisme ont harmonisé leurs actions autour d’un certain nombre de mesures – les six mesures MPOWER – au nombre desquelles l’augmentation des taxes sur le tabac.

L’OMS insiste d’ailleurs sur la nécessité de renforcer les mesures fiscales publiques pour combattre le tabagisme et regrette que «trop peu de gouvernements prélèvent des taxes à un niveau suffisamment élevé sur les cigarettes et les produits du tabac».

Outre le bénéfice budgétaire qu’apporte une forte imposition sur le tabac, l’institution onusienne ne manque pas d’arguments pour encourager les Etats à augmenter les taxes, indiquant que le tabagisme est l’une des plus graves menaces ayant pesé sur la santé publique mondiale.

En Afrique du Sud, par exemple, en 2012 déjà, le total des taxes sur les cigarettes était passé de «32 % à 52 % du prix de détail entre 1993 et 2009. Sur cette même période, les ventes de cigarettes ont chuté de 30 %, les recettes publiques ont augmenté de 800 % grâce à ces taxes et la prévalence du tabagisme chez les adultes a diminué de 25%».

Edité par Assane Diagne

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