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FICHE D'INFO - La Francophonie d’hier à aujourd’hui

Cet article date de plus de 7 ans

Selon l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), c’est vers la fin du dix-neuvième siècle que « le terme  ‘francophonie’ est apparu pour décrire l’ensemble des personnes et des pays utilisant le français », acquérant « son sens commun lorsque, quelques décennies plus tard, des francophones prennent conscience de l’existence d’un espace linguistique partagé, propice aux échanges et à l’enrichissement mutuel ».

Ainsi, « on parle de francophonie avec un ‘f’’ minuscule pour désigner les locuteurs de français et de Francophonie avec un ‘F' majuscule pour figurer le dispositif institutionnel organisant les relations entre les pays francophones », précise l’OIF.

De la francophonie à la Francophonie : les pères fondateurs


C’est donc au début du siècle dernier que se dégagent les premières actions en faveur de la Francophonie avec la création, en 1926, de l’Association des écrivains de langue française. Et plus tard, en 1950, des journalistes des pays francophones se rassemblent autour de l’Union internationale des journalistes et de la presse de langue française (Union internationale de la presse francophone à partir de 2001).





  Entre 1960 et 1969, quatre institutions intergouvernementales francophones voient le jour : la Conférence des ministres de l’éducation des Etats et gouvernements de la Francophonie (1960) ; l’Association des universités partiellement ou entièrement de langue française (1961), actuelle Agence universitaire de la Francophonie (AUF) ; une Association de parlementaires francophones (1967), actuelle Assemblée des parlementaires de la Francophonie (APF) ; et la Conférence des ministres de la jeunesse et des sports (Conféjes) créée en 1969.

En phase sur l’idée de « mettre à profit le français au service de la solidarité, du développement et du rapprochement des peuples par le dialogue permanent des civilisations », les présidents Léopold Sédar Senghor du Sénégal, Hamani Diori du Niger, Habib Bourguiba de la Tunisie et le roi Norodom Sihanouk du Cambodge impulsent la signature – le 20 mars 1970 à Niamey au Niger – de la Convention portant création de l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), « devenue, en 1998 l’Agence intergouvernementale de la Francophonie et, en 2005, l’Organisation internationale de la Francophonie ».

A Paris où se trouve le siège de l’OIF,  quatre salles ont chacune été baptisées au nom de chacun de ces dirigeants, que l’OIF continue de célébrer comme étant « les pères de la Francophonie ».

Le Sommet, l’instance suprême de la Francophonie



Le Sommet de la Francophonie (Conférence des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage) s’est tenu pour la première fois en 1986 à Versailles (France), à l’initiative de François Mitterrand, alors Président de la France. Selon l’OIF, « 42 Etats et gouvernements y participent et retiennent quatre domaines essentiels de coopération multilatérale : le développement, les industries de la culture et de la communication, les industries de la langue ainsi que le développement technologique couplé à la recherche et à l’information scientifique ». Le Sommet d’Antananarivo (26-27 novembre 2016) est le seizième du genre pour la Francophonie depuis celui de Versailles. 

 




Les Sommets de la Francophonie
19861er Sommet à Versailles (France)
1987IIe Sommet 
Québec (Canada-Québec)
Déclaration de Québec
1989IIIe Sommet 
Dakar (Sénégal)
Déclaration de Dakar
1991IVe Sommet 
Paris (France)
Déclaration de Chaillot
1993Ve Sommet 
Grand-Baie (Maurice)
Déclaration de Maurice
1995VIe Sommet 
Cotonou (Bénin)
Déclaration de Cotonou
1997VIIe Sommet 
Hanoï (Viet Nam)
Déclaration de Hanoï
1999VIIIe Sommet 
Moncton (Canada-Nouveau-Brunswick)
Déclaration de Moncton
2002IXe Sommet 
Beyrouth (Liban)
Déclaration de Beyrouth
2004Xe Sommet 
Ouagadougou (Burkina Faso)
Déclaration de Ouagadougou
2006XIe Sommet 
Bucarest (Roumanie)
Déclaration de Bucarest
2008XIIe Sommet 
Québec (Canada-Québec)
Déclaration de Québec
2010XIIIe Sommet 
Montreux (Suisse)
Déclaration de Montreux
2012XIVe Sommet 
Kinshasa (RDC)
Déclaration de Kinshasa
2014XVe Sommet 
Dakar (Sénégal)
Déclaration de Dakar
2016XVIe Sommet 
Antananarivo (Madagascar)
 Déclaration d'Antananarivo


Source : OIF

En novembre 1997, lors du Sommet de Hanoï (Vietnam), les dirigeants francophones décident de créer le poste de secrétaire général de l’OIF, dépositaire de « l’action politique de la Francophonie, dont il est le porte-parole et le représentant officiel au niveau international », d’après la Charte de la Francophonie. Ainsi, c’est le diplomate égyptien Boutros Boutros-Ghali (décédé en février 2016 au Caire), ancien secrétaire général de l’Organisation des nations unies de 1992 à 1996, qui fut le premier secrétaire général de la Francophonie entre 1998 et 2002. En 2003, l’ancien président sénégalais, Abdou Diouf devient le deuxième secrétaire général. Il sera réélu à deux reprises (2006, 2010) avant d’être remplacé à ce poste par la Canadienne Michaëlle Jean, le 30 novembre 2014, lors du Sommet de Dakar.

 274 millions de francophones dans le monde


Le marron représente les membres de l'IOF. Carte OIF Le marron représente les membres de l'IOF. Carte OIF


 Datant de 2014, la récente « estimation globale du nombre de francophones concerne les populations des pays membres et observateurs » de l’OIF. Elle précise qu’ « ont néanmoins été ajoutées quelques données disponibles pour des pays ou territoires n’appartenant pas à l’OIF, tels que l’Algérie, l’Allemagne, les États-Unis, Israël, le Portugal, le Royaume-Uni, la Suède, le Val d’Aoste… où résident de nombreux francophones, et/ou pour lesquels des données fiables existent ». A travers les 80 Etats et gouvernements de l’OIF – dont 57 Etats et gouvernements membres et 23 observateurs –  ce sont près de 274 millions de personnes qui peuvent être définies comme francophones de façon certaine dans le monde.  La Thaïlande, Etat observateur, est actuellement suspendue de l’OIF. Ainsi, 45% de francophones vivent en Europe de l’Ouest ; 43% en Afrique et dans l’Océan indien ; 7% en Amérique et dans les Caraïbes ; 2% au Moyen-Orient ; et 3% entre l’Europe centrale, orientale et balte, l’Asie et l’Océanie.

D’après l’OIF, « dans la situation actuelle, 29 États souverains reconnaissent dans leur constitution le français, dont 13 comme langue officielle unique et 16 comme langue co-officielle. Par ailleurs, quelques 15 autres États fédérés ou territoires autonomes, non-souverains, ont également le français comme langue officielle ou co-officielle ». L’OIF annonce qu’en 2050, « une personne sur 13 » sera francophone car « le nombre de francophones approchera les 700 millions en 2050 » et « 85% » d’entre eux « seront en Afrique ».

« La Francophonie économique », nouvel enjeu


Selon Clément Duhaime, administrateur de l’OIF, « le Sommet d’Hanoï en 1997 a vu une accélération de la prise de conscience de l’importance de l’économie aux côtés de la langue, de la culture et des droits de la personne ».

Mais les rencontres internationales de la Francophonie économique de 2008 et 2012 au Québec qui ont posé les jalons de la Francophonie économique.

Lors dernier 15e de la Francophonie à Dakar, cette idée de mettre « l’économie au cœur du développement de la Francophonie » a davantage été soutenue avec la réalisation d’une stratégie économique pour la Francophonie qui « résulte d’un processus engagé depuis le Sommet de Hanoï ».

Edmond Victor Kamby, conseiller technique à la direction de la Francophonie du Sénégal, a indiqué à Africa Check que le but de « la Francophonie économique de manière très synthétique, c’est de dynamiser l’espace économique francophone ».

« C’est tout l’espace francophone qu’on voudrait vraiment ériger et si nos chefs d’Etat et de gouvernement parviennent à capitaliser cela, c’est un énorme marché à l’intérieur duquel les transactions, les échanges seront très intéressants. La Francophonie veut se positionner comme un partenaire stratégique au niveau des Nations unies et de toutes les plateformes internationales de négociations », poursuit-il.

«Pourquoi la Francophonie économique?»


Il ajoute que « la Francophonie ne doit plus être une Francophonie institutionnelle mais une Francophonie des peuples, un espace à l’intérieur duquel nous nous développons par l’économie notamment parce que quand on touche à l’économie, on touche directement aux populations ».

L'OIF estime à 274 millions le nombre de francophones dans le monde. L'OIF estime à 274 millions le nombre de francophones dans le monde.

« Pourquoi la Francophonie économique ? Y-a-t-il une homogénéité telle qu’on peut penser que l’économie de la zone francophone est un tout cohérent ? Ça c’est la vraie question. Si ce n’est pas le cas, ça veut dire que la Francophonie économique va être au profit de certains plutôt que d’autres », analyse le philosophe Mouhamadou El Hady Ba de l’Université de Dakar dans un entretien à Africa Check.

Selon lui, il faut chercher à savoir si « les Etats africains vont pouvoir travailler en synergie et à égalité avec les Etats francophones non africains ». Le Professeur Ba a ajouté que «  pour  que la Francophonie économique marche, comme tout système économique, il faut que les rapports (entre les Etats) soient égalitaires ».

« Si ce sont des rapports égalitaires et de solidarité, bien sûr que cette Francophonie économique pourrait marcher mais dans le cas contraire, ça ne va pas marcher.  Je pense que les Etats francophones partagent déjà une culture, ce serait bien déjà qu’on essaie de la développer, d’en faire un facteur d’ouverture qui effectivement peut avoir des conséquences économiques », a renchéri le Professeur Ba.

La Francophonie en chiffres:


Edité par Assane Diagne

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