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FICHE D’INFO : Qu’est-ce qu' Ebola?

Cet article date de plus de 9 ans

En février 2014, une épidémie d’Ebola est signalée dans les forêts du Sud-est de la Guinée. Le virus fait ainsi sa première apparition, dans cet Etat de l’Afrique de l’Ouest.

Vers mars, il s’étend à la capitale Conakry et en avril il touche le Libéria voisin. Par la suite, la maladie s’est déplacée vers la Sierra Leone, avec des cas signalés mais vite maîtrisés au Nigeria, au Mali, au Sénégal, en Espagne, aux Etats-Unis d’Amérique et au Royaume-Uni.

En août 2014, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) déclare l’épidémie une urgence sanitaire de portée mondiale et le 11 février 2015, le nombre décès s’élève à 9.177, avec 22.984 cas "confirmés, suspectés et probables’’ d’Ebola. (Pour connaître les derniers rapports sur l’épidémie d’Ebola, visiter le site de l’OMS consacré à l’alerte mondiale et aux réponses)

Des indications soulignent toutefois que les chiffres officiels sous-évaluent le nombre de décès. Un article de la BBC relève à ce propos qu’il pourrait être le double du nombre et que les données ‘’ très franchement ne révèlent qu’une partie de la réalité’’.

Qu’est-ce qu’ Ebola?


This colourised transmission electron micrograph (TEM) obtained March 24, 2014 from the Centres for Disease Control (CDC) in Atlanta, Georgia, reveals some of the ultrastructural morphology displayed by an Ebola virus vision. Photo: AFP/CDC/Cynthia Goldsmith Ebola tire son nom d’un fleuve en République Démocratique du Congo, où la maladie a fait ses premières victimes connues en 1976. Une souche séparée est signalée simultanément à Nzara, au Soudan.

Contrairement aux bactéries, qui sont dotées d’une seule cellule et qui se multiplient en se divisant, les virus ont besoin de porteurs pour se reproduire. Tandis que les bactéries peuvent être éliminées avec des antibiotiques, cette méthode traitement ne marche pas avec le virus. Ebola est un virus à acide ribonucléique (ARN) qui se multiplie de manière particulièrement rapide chez son porteur créant une forte dose de pathogène.

Le journaliste scientifique David Quammen, qui a enquêté sur les origines et la propagation du virus, indique que les virus ARN ‘’produisent des infections aigues, sévères sur une courte période puis disparaissent. Soit ils disparaissent vite soit ils vous tuent’’.

Il y a cinq souches connues du virus Ebola: Bundibugyo ebolavirus; Zaire ebolavirus; Reston ebolavirus; Sudan ebolavirus; et Taï Forest ebolavirus. Toutes sauf la Reston peuvent être fatales à l’être humain et toutes sauf la Reston sont retrouvées en Afrique.

Comment le virus est-il transmis?


A sign for a maquis or small restaurant outside Abidjan, which serves bushmeat. The Ministry of Health has asked Ivorians, "particularly fond of porcupine and agouti," a small rodent, to avoid consuming or handling the meat, as an unprecedented Ebola epidemic hit West Africa, claiming more than 100 lives. The virus can spread to primates and humans who handle infected meat -- a risk given the informal trade in "bushmeat" in forested central and west Africa. Photo: AFP/Issouf SanogoOn pense qu’Ebola est un virus zoonotique ou transmis par l’animal. Le virus survit chez un porteur ‘’réservoir’’ -- un animal ou un insecte qui porte le virus sans dommage pour lui – et est transmis à d’autres animaux ou à l’homme par le contact avec les liquides, secrétions ou organes de l’animal porteur. Même si cela n’a pas été prouvé de façon concluante, que la chauve-souris est considérée comme le porteur naturel ou ‘’réservoir’’ du virus Ebola.

La façon précise dont Ebola pénètre les cellules humaines reste un mystère. On estime que la transmission à l’homme et aux primates arrive à travers le contact direct avec l’animal porteur, ou à travers le contact ou la consommation de la viande, des liquides corporels ou secrétions d’animaux qui ont été infectés au contact avec le porteur. La Guinée est réputée être un carrefour de trafic d’animaux sauvages. D’ailleurs, le gouvernement a sorti un communiqué mettant en garde les citoyens contre la consommation de la viande brousse.

Une fois qu’il touche les humains, Ebola se transmet à travers le contact direct avec la personne infectée. Quand la personne tombe malade, ses éternuements, toux, vomissures, sécrétions, saignements ou diarrhées facilitent la transmission à d’autres victimes.

Il peut également être transmis indirectement ‘’à travers la manipulation d’objets (comme les aiguilles) qui ont été contaminés par les secrétions infectées’’, selon le Centre américain pour le contrôle et la prévention des maladies infectieuses.

Cela veut dire que les personnels de santé, leur famille et les amis des personnes infectées par le virus sont très exposés.

Les signes cliniques?


Staff from Medecin sans Frontieres prepare to bury an Ebola victim in Guekedou, Guinea on April 1, 2014. Photo: AFP/SeyllouLe virus Ebola se manifeste par une fièvre hémorragique virale, une série de maladies graves dites "multi-système" en ce sens qu’elles affectent plusieurs parties des systèmes de régulation du corps. Ces maladies virales endommagent le système circulation et peuvent s’accompagner de saignements ou d’hémorragies.

Selon l’OMS, les personnes touchées commencent à monter des symptômes à partir de deux à 21 jours après le contact avec le virus, souvent entre les huitième et dixième jours. Les patients se présentent avec une fièvre, une faiblesse, des douleurs musculaires, des maux de tête ou de gorge.

La généralité des symptômes à ce stade fait qu’il est difficile de faire la distinction entre Ebola et les diverses autres maladies, dont le paludisme, la fièvre typhoïde, la méningite ou le cholera. Au moment où la maladie se développe, les patients peuvent être confrontés à des vomissements, à la diarrhée, une éruption cutanée, des difficultés pour respirer ou avaler. Le virus compromet sérieusement le système immunitaire et affecte le foie, les reins, la respiration, ainsi que la peau et le sang. Des caillots de sang peuvent se former et les patients peuvent être confrontés à des hémorragies internes et externes.

Le taux de mortalité ?


Les informations sur Ebola font souvent état d’un taux de mortalité de ‘’90%’’. C’était en tout cas, le taux lors d’une épidémie au Congo entre 2002 et 2003 mais c’est le taux le plus élevé enregistré jusqu’ici.

Le taux de mortalité varie d’une épidémie à une autre en fonction notamment de la souche du virus, du niveau de préparation et de la disponibilité et de la qualité du service de santé (du pays). Le taux de mortalité de l’actuelle épidémie s’élève provisoirement à environ 52%.

Au début, on pensait que la souche Zaire d’Ebola était à l’origine de l’actuelle épidémie. Le Centre américain de contrôle des maladies (CDC) note une ressemblance de 98% entre les souches ouest-africaine et Zaire. La souche Zaire d’Ebola est la plus meurtrière : elle attaque tous les organes du corps, y compris la peau et elle a le taux de mortalité le plus élevé, soit une moyenne de 79%.

Cependant une équipe d’experts qui a étudié la souche ouest-africaine a récemment révélé, dans la revue New England Journal of Medicine, que l’épidémie guinéenne est due une nouvelle souche du virus: même si elle est proche de la souche Zaire. En se basant sur des recherches plus approfondies, l’équipe de réponse à Ebola de l’OMS estime que le taux de mortalité de l’épidémie actuelle se situe entre 60 et 70%.

Le traitement d’Ebola


Il n’y a jusqu’à présent pas de vaccin ou de traitement contre Ebola, même si plusieurs vaccins sont en train d’être testés. La firme pharmaceutique GlaxoSmithKline espérait pouvoir commencer des essais cliniques sur des hommes en septembre 2014. Et un médicament expérimental, Zmapp, testé sur des missionnaires américains suscite également de l’espoir. Le 12 août 2014, le gouvernement du Libéria a annoncé qu’il était en train d’acquérir le médicament. Mais jusqu’à present, il n’y a pas de traitement.

Selon le CDC, le traitement, pour le moment, est donc limité et vise simplement à renforcer le système immunitaire : en fournissant des liquides, des électrolytes et de l’oxygène, en maintenant constante la pression artérielle, et en traitant les autres infections avec des antibiotiques.

On ne sait pas pourquoi des personnes infectées ont survécu là où beaucoup d’autres sont mortes, mais on pense que c’est lié à la force du système immunitaire de l’individu, à la souche du virus et la charge virale à laquelle la personne a été exposée.

En plus du traitement consistant à renforcer l’organisme et à combattre les symptômes, les personnels de santé ne peuvent que limiter la propagation du virus: en isolant ceux qui sont infectés, en sensibilisant sur le virus et sa mode de transmission, dans les communautés affectées, en s’assurant que des kits de protection sont portés par tous ceux qui sont en contact avec les malades d’Ebola et en veillant à l’inhumation rapide et sûre de ceux qui en meurent.

Traduit de l’anglais par Assane Diagne

Lecture complémentaire (en langue anglaise)

Ebola in Africa: Discoveries in the Past Decade by RR Arthur

Ebola Hemorrhagic Fever: An information packet compiled by the US Centres for Disease Control and Prevention

The Hunt for Ebola by Joshua Hammer

Where will the next pandemic come from and how will we stop it? By David Quammen

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