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Impact des revendications des enseignants : les 300 milliards avancés par Mary Teuw Niane sont exagérés 

Cet article date de plus de 7 ans

Le ministre sénégalais de l’Enseignement supérieur, Mary Teuw Niane, a affirmé, lors d’une conférence de presse, que l’impact financier de la plateforme revendicative du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (SAES) se chiffrait à 300 milliards 405 millions 475.185  francs CFA.

«  Le total de l’impact financier de la plateforme revendicative [du SAES], en tenant compte de l’extension de la carte universitaire, est de 300 milliards 405 millions 475.185 francs CFA », a notamment dit M. Niane.

Ces déclarations du ministre sénégalais de l’Enseignement supérieur et de la Recherche sont confirmées dans un  extrait vidéo de sa rencontre avec les journalistes, mis en ligne sur le site officiel de son département.

Elles sont été également relayées par des sites Internet dont IGFM.

La plateforme du SAES tourne principalement autour de 4 points, dont la réforme des titres universitaires, résultante de la réforme LMD chez les étudiants, selon le syndicat. La revalorisation de la pension de retraite, le relèvement de la prime académique spéciale, la prise en charge sanitaire des enseignants. Ces points concernent des accords déjà signés avec le gouvernement et qui devaient entrer en vigueur en janvier 2016, selon le SAES.

Le SAES réclame-t-il donc autant au ministère de l’Enseignement supérieur ? Comment en est-on arrivé à ce chiffre de 300 milliards alors que le budget 2016 de ce département s’élève à un peu moins de 150 milliards de francs ?

Comment en est-on arrivé à 300 milliards ?


générale d'étudiants à l'UCAD qui est souvent secouée par des grèves. Photo AFP Une assemblée générale d'étudiants à l'UCAD qui est souvent secouée par des grèves. Photo AFP

Contacté par Africa Check, le service communication du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche précise que l'enveloppe de 300 milliards évoquée par Mary Teuw Niane «indique le total des investissements prévus d'ici 2018 aussi bien sur le plan pédagogique que sur le plan social ».

«Sur le plan pédagogique, il y a la réhabilitation des infrastructures et l'extension des universités avec l'appui de la Banque mondiale pour plus de 50 milliards. Il y a aussi la construction de deux nouvelles universités pour 130 milliards à Diamniadio et Kaolack», précise ce service dans un courrier électronique.

«La réforme des titres est prise en compte dans cette enveloppe», ainsi que «le rééquilibrage des budgets des universités», sans compter les mesures financières pour sécuriser les salaires des enseignants pour 2016.

«Sur le plan social, il y a la construction de 10 000 lits supplémentaires et la mise en place du Centre national des œuvres universitaires et des nouveaux centres régionaux de Thiès, Bambey et Ziguinchor», souligne la même source.

En tout cas, quelques heures après cette rencontre avec les journalistes, M. Niane a également fait publier dans la presse un document intitulé « Mesures financières du gouvernement pour satisfaire la plateforme revendicative du SAES ».

Celui-ci spécifie en deux volets (social et pédagogique), les points négociés avec le SAES, l’état d’avancement de la mise en œuvre de ce qui a été retenu et les montants nécessaires, pour conclure que le ‘’total impact financier de la plateforme revendicative’’ du SAES est de 300.405.475.185 FCFA.

Des « dissonances » dans les montants


Interrogé par Africa Check, le coordonnateur du SAES pour l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, Yankhoba Seydi, souligne la difficulté de faire une évaluation chiffrée de la plateforme revendicative.

Cela fait que, selon lui, «des dissonances» se sont signalées dans les montants avancés par le gouvernement, donnant l’exemple du coût de la réforme des titres, un des points de la plateforme.

Celui-ci a été chiffré à 4 milliards par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, contre 3,3 milliards par le ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, a dit M. Seydi.

Les montants avancés par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche correspondent au global du Plan de développement de l’enseignement supérieur et de la recherche (PDESR). Celui-ci est présenté par le gouvernement comme « ne planification des actions et un plan de financement pour une politique d’ESR (Enseignement supérieur et recherche) réaliste et réalisable».

Le PDESR (2013-2017) est un programme extrait de la réforme globale de l’enseignement supérieur, explique le syndicaliste.

« Si on peut mettre 300 milliards pour les revendications du SAES, cela veut dire qu’il y a des milliers de milliards dans les universités, donc tout va bien », a commenté Yankhoba Seydi.

Il a ajouté que les montants avancés par le ministre font « à peu près deux fois le budget de son département », arrêté à 149 milliards 240 millions 715.300 francs CFA pour l’exercice 2016.

72 milliards pour satisfaire le SAES, selon Macky Sall


Plus de 72 milliards sont affectés à la mise en œuvre d'accords convenus avec les syndicats, selon Macky Sall. Photo AFP Plus de 72 milliards sont affectés à la mise en œuvre d'accords convenus avec les syndicats, selon Macky Sall. Photo AFP

Le président de la République, Macky Sall, semble avoir conforté la position du SAES, dans son message à la nation, à la veille de la commémoration du 56e anniversaire de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale.

« Au total, sur 302 milliards de FCFA alloués à l'Enseignement supérieur d'ici 2017, plus de 72 milliards sont affectés à la mise en œuvre d'accords convenus avec les syndicats, dont la plupart remontent à plus de dix ans», déclarait Macky Sall.

Conclusion : les 300 milliards de francs évoqués par Mary Teuw Niane sont exagérés


Selon le président Macky Sall, plus de 72 milliards sur 302 milliards prévus d’ici 2017 sont destinés à la mise en œuvre d’accords signés avec ce syndicat. Il a d'ailleurs précisé que la plupart des revendications satisfaites remontent à plus de dix ans.

Les informations disponibles indiquent que l’enveloppe dont parle Mary Teuw Niane fait partie du programme 2013-2017 de réforme globale de l’enseignement supérieur.

Ce programme comprend, entre autres, « la construction de 10 000 lits supplémentaires, la mise en place du Centre national des œuvres universitaires et des nouveaux centres régionaux de Thiès, Bambey et Ziguinchor», comme l’a expliqué à Africa Check, la cellule de communication de ce département.

Relu par Assane Diagne

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