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FICHE D'INFO - Lutte anti-sida au Sénégal : les acteurs et le financement

Cet article date de plus de 6 ans

Le Sénégal est considéré comme un pays modèle en Afrique pour ses résultats dans la lutte contre le sida par plusieurs acteurs et structures spécialisés dont l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et Onusida, qui coordonne l'action des différentes agences spécialisées de l'ONU en la matière.

Les efforts dans cette bataille impliquent plusieurs intervenants dont le Conseil national de lutte contre le sida (CNLS), qui est "la structure de coordination nationale de la riposte (lutte) multisectorielle", selon une de ses responsables, Docteur Fatou Nar Mbaye.

Une séance de dépistage du virus du sida lors d’un salon de la santé à Dakar, en 2004. Photo AFP. Une séance de dépistage du virus du sida lors d’un salon de la santé à Dakar, en 2004. Photo AFP.

Pour le plan stratégique national pour les quatre dernières années (2014 à 2017), les financements pour la lutte ont dépassé les 49 milliards de FCFA (plus de 74,7 millions d'euros / plus de 91,7 millions de dollars US), selon le CNLS.

Séropositif ou malade du sida ?


Le sida est l'infection due au virus de l'immunodéficience humaine, communément désigné par son sigle VIH. Le mot sida lui-même est un sigle : c'est l'acronyme du "syndrome d'immunodéficience acquise", parce qu'il attaque les défenses naturelles du corps (le système immunitaire) contre la maladie.

Le virus se transmet par voie sexuelle, par voie sanguine ou de la mère à l'enfant. On ne l'attrape pas par la salive, par des éternuements, en serrant la main ou en donnant l'accolade à une personne infectée, par exemple.

"Vivre avec le VIH, ce n'est pas forcément avoir le sida", précise sur son site le CNLS au Sénégal, indiquant également les modes de transmission, les moyens de s'en protéger, de le dépister et de se traiter pour ceux qui vivent avec le VIH.

Une personne peut avoir le VIH sans présenter les symptômes de la maladie, elle est alors séropositive. Le sida est "le stade le plus avancé de l'infection à VIH", il "peut mettre 2 à 15 ans à apparaître selon le cas. Ce stade se définit par l'apparition de certains cancers, d'infections ou d'autres manifestations cliniques sévères", selon l'OMS.

Actuellement, indique l'OMS, il n'existe pas de moyen "de guérir l'infection par le VIH. En revanche, des médicaments antirétroviraux (ARV) efficaces peuvent permettre de maîtriser le virus et contribuer à éviter sa transmission, de sorte que les personnes qui en sont porteuses et celles exposées à un risque d'infection substantiel peuvent bénéficier d'une vie longue, productive et en bonne santé".

Les débuts de la lutte au Sénégal


"Au Sénégal, le diagnostic du premier cas de VIH a eu lieu en 1986", est-il indiqué dans un document publié en avril 2015 par le CNLS et Onusida, intitulé "Rapport de situation sur la riposte nationale à l'épidémie de VIH/sida - Sénégal : 2013-2014". Dans le pays, "les efforts consentis depuis le début de la riposte ont abouti à une stabilisation voire une baisse de l'épidémie avec une prévalence de 0,5 %, indiquent les dernières estimations de l'Onusida et une baisse de 50 % des nouvelles infections entre 2001 et 2016", affirme le CNLS, dans son rapport annuel 2016.

Dans son "Atlas des statistiques sanitaires de la région africaine 2016", le bureau régional de l'OMS pour l'Afrique évoque également un taux de prévalence du VIH/sida à 0,5 % au Sénégal pour 2014 (contre 0,7 % en 2000).

Sur la plateforme de données et statistiques de l'Observatoire africain de la santé, des chiffres plus récents permettent d'établir ce taux à 0,4 % pour 2016, précisant que cette estimation concerne les 15-49 ans, tous sexes confondus.

Le taux de prévalence au VIH/sida du Sénégal est l'un des plus bas du continent, avec ceux enregistrés en 2014 notamment au Niger (0,5%), à Madagascar (0,3%) et en Algérie (0,1%), d'après l'Atlas des statistiques sanitaires pour l'Afrique.

Les pourcentages les plus élevés en 2014 sont recensés notamment au Swaziland (27,7), au Botswana (25,2) ou encore au Lesotho (23,4).

 



"Ces résultats sont liés à l'accès à la prise en charge médicale grâce aux ARV qui a réduit le taux de décès à 3,5 %. L'autre résultat prépondérant du programme (de lutte contre le sida) est la réduction du taux de la transmission mère-enfant qui est passé de 4,2 % en 2010 à 3,1 % en 2014", affirme le CNLS.

Actuellement, précise-t-il, "on estime que 41.000 personnes vivent avec le VIH au Sénégal et on note une baisse de 37 % des nouvelles infections depuis 2010". Et sur ce total, un peu plus de 21.000 personnes sont sous traitement ARV.

Parmi les quelque 41.000 personnes vivant avec le VIH, figurent environ 36.000 adultes âgés de 15 ans et plus, et environ 4.800 enfants âgés de 0 à 14 ans, d'après la plateforme de données et statistiques de l'Observatoire africain de la santé.

Qui sont les acteurs de la lutte?


 Le CNLS est l'un des acteurs en pointe dans la bataille. Il se définit comme "l'organe politique de décision et d'orientation". Il "constitue l'instance de décision suprême de la lutte contre le sida au Sénégal" et "s'appuie sur le Forum des partenaires", une instance regroupant "l'ensemble des acteurs nationaux, régionaux et les partenaires techniques et financiers" de la lutte contre le sida.

En clair, il est "la structure de coordination nationale de la riposte multisectorielle au sida".

A travers un plan stratégique national, il évalue "tous les investissements nécessaires pour la riposte au VIH, fait le plaidoyer et mobilise aussi des ressources».

«Mais il n'est pas dit qu'il centralise l'ensemble tous les financements officiels destinés à cette lutte", a affirmé Dr Fatou Nar Mbaye, chargée de programme du Fonds mondial au CNLS, dans un courrier transmis à Africa Check par le service de communication du Conseil.

"Le CNLS travaille en collaboration avec d'autres partenaires qui mobilisent eux aussi des ressources et mettent en oeuvre des activités. Les organisations de la société civile mobilisent aussi des ressources", a ajouté Dr Mbaye.

"Les ressources du CNLS proviennent essentiellement du budget de l'Etat, du Fonds mondial et d'autres sources de financement. L'Onusida contribue sous forme d'assistance technique", a-t-elle dit.

Plus de 49 milliards de FCFA pour 2014-2017


Dans son rapport 2016, le CNLS cite plusieurs "partenaires financiers" comme contributeurs, avec l'Etat, pour la lutte contre le sida au Sénégal. Il évoque des financements s'élevant à "plus de 49 milliards de FCFA pour le plan stratégique" de 2014 à 2017, soit quatre ans.

Parmi ces partenaires, figurent le Fonds mondial, le gouvernement des Etats-Unis, la France, des agences et programmes de l'ONU dont l'Onusida, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (l'Unicef) et le Fonds des nations unies pour la population (FNUAP).

Il y a également des organisations inter-gouvernementales dont l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et des organisations non gouvernementales (ONG) dont Handicap International et Enda.


Nouveaux financements pour 2018-2020


Le Fonds mondial, créé en 2002, est une institution financière internationale qui intervient dans la lutte contre trois maladies : sida, tuberculose, paludisme.

"De 2002 à 2017", son Conseil d'administration "a attribué au Sénégal près de 300 millions de dollars US (160,3 milliards de FCFA), dont 298 millions (de dollars US, plus de 159, 2 milliards de FCFA) ont été décaissés pour les trois maladies", indique Viviane Hughes-Lanier, gestionnaire de portefeuille pour l'Afrique de l'Ouest au Fonds mondial, sollicitée par Africa Check.

Le 25 janvier 2018 à Dakar, le Sénégal et le Fonds mondial ont signé de nouveaux accords de financements totalisant 64,9 millions d'euros (plus de 42,57 milliards de FCFA) pour la période 2018-2020, soit trois ans.

Sur ce total, 21,8 millions d'euros (près de 14,30 milliards de FCFA) sont destinés à la lutte contre le VIH sida.

Les subventions du Fonds mondial vont notamment à l'Alliance nationale des communautés pour la santé (ANCS), une organisation de la société civile également en avant dans la lutte contre le VIH au Sénégal.

"Depuis sa création, l'ANCS a appuyé sur le plan technique et financier plusieurs milliers d'organisations communautaires dans des zones et des domaines d'interventions divers », explique-t-elle.

L'ANCS souligne que ses actions «contribuent à combler les gaps en termes de couverture programmatique, thématique et territoriale".

Edité par Assane Diagne

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