A Dakar, des spécialistes des médias et du droit se sont penchés sur une problématique brûlante : « La démocratie face aux fake-news et à la désinformation ».
Un thème éclaté en deux panels organisés par l'institut Goethe du Sénégal, en partenariat avec Africa Check, le 20 novembre 2019 à la Maison de la Presse.
Il s’agissait d'interroger l’impact des infox et de la désinformation sur le débat public et, « sur la démocratie sénégalaise, mais aussi de la pertinence ou non de légiférer face à ces fausses nouvelles ».
Les panélistes ont d'abord interrogé les termes « fausses nouvelles », « fake-news », « infox » ; leur « impact sur le débat public et la démocratie ».
Mamadou Ndiaye, directeur des études du Centre d’études des sciences et techniques de l’information de Dakar, explique qu’en France, on parle d’infox, au Canada de fausse nouvelle. La terminologie varie selon les pays. Mais la constance, selon lui, est que les fake news sont « des fausses informations dont l’objectif est de manipuler ». Une définition largement partagée par les experts qui se sont penchés sur la question.
« Les fake news ne sont guère nouvelles, c’est plutôt l’ampleur autour d’elles qui est nouvelle », explique ainsi Assane Diagne, le directeur du bureau Afrique de l’Ouest de l’organisation Reporters Sans Frontières (Rsf) et ancien Rédacteur en chef du bureau francophone d’Africa Check. Il souligne que « les journalistes ont perdu le monopole de la collecte et de la diffusion de l’information ». Diagne est d’avis que tout fait manipulé devient fake news. Le support compte très peu. C’est plutôt, la nature de la fake news publiée qui est déterminante, insiste-t-il.
Pour Mamadou Ndiaye, les fake news ne sont guère un phénomène nouveau. Mais leur amplification par les médias numériques les accentue sensiblement.
Au cœur des débats, avec un public composé d’étudiants en journalisme, d’hommes politiques, de journalistes entre autres, le modérateur Cheikh Fall a soulevé la question relative à l’impact des fake news sur le débat public et la démocratie.
Selon le journaliste Hamadou Tidiane Sy, fondateur du site d’informations Ouestaf News, on peut parler de désinformation « à partir du moment où des gens influents véhiculent des informations non vérifiées dans l’espace public ». Il y a aussi ceux qui produisent à dessein des fake-news, et qui sont parfois dans une logique de combat, laisse-t-il entendre.
Il peut aussi arriver, ajoute-t-il, que des journalistes dotés de bonnes qualités de rédaction et de compétences journalistiques travaillent pour des industries productrices des fake news.
Pour Hamadou Tidiane Sy, la vérification des faits ne peut nullement incomber à une seule organisation. D’où son appel à tous les journalistes à la rigueur professionnelle qui exige une stricte vérification des faits.
Faut-il légiférer ?
Le deuxième panel a été animé par les juriste Charles Vieira Sanches et Bouna Manel Fall, et par Valdez Onanina, chercheur et community manager du bureau francophone d’Africa Check.
Ils se sont penchés sur une problématique qui est à l’ordre du jour : les moyens qui doivent être utilisés face aux fake news.
« Lutte contre les fake-news, faut-il légiférer ? », s’interroge-t-on. Une grande question à laquelle les animateurs du panel et le public ont essayé d’apporter des réponses. La question n’a pas été tranchée. Si certains plaident pour une législation contre les fake news, d’autres optent pour la prudence.
Les panels ont été ouverts par Samba Dialimpa Badji Rédacteur en Chef du bureau francophone d’Africa Check qui s’est réjoui de cette collaboration avec l'Institut Goethe contre les fake-news.
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