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FICHE D'INFO - La tuberculose en Côte d'Ivoire : chiffres et acteurs de la lutte

Cet article date de plus de 5 ans

La tuberculose est une maladie infectieuse qui peut être évitée et traitée, mais elle continue de causer de nombreux décès en Côte d'Ivoire, en dépit des efforts déployés pour lutter contre elle. Cette fiche d'information présente la situation dans le pays, et les acteurs de ce combat.

Qu'est-ce que la tuberculose ?


C'est une maladie due à une bactérie, le bacille de Koch (Mycobacterium tuberculosis), qui attaque le plus souvent les poumons, explique l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans un article mis en ligne en février 2018.

En plus des poumons (tuberculose pulmonaire ou phtisie), elle peut aussi toucher d'autres parties du corps (tuberculose extra-pulmonaire), notamment les reins, les os et les méninges. Il peut aussi arriver que le bacille de Koch se répande par le système sanguin et attaque l'ensemble de l'organisme (tuberculose miliaire ou disséminée).

L’OMS recommande le renforcement des systèmes de santé pour lutter contre la tuberculose comme au centre spécialisé de Khayelitsha, en Afrique du Sud. Photo : AFP. L’OMS recommande le renforcement des systèmes de santé pour lutter contre la tuberculose comme au centre spécialisé de Khayelitsha, en Afrique du Sud. Photo : AFP.

Une maladie opportuniste


C'est une maladie contagieuse, qui se transmet quand on respire les bacilles expulsés par un tuberculeux qui tousse, éternue ou crache. "Il faut généralement un contact répété ou prolongé avec une personne contagieuse pour contracter l'infection", précise le site spécialisé Passeport Santé.

La tuberculose est une des maladies qui profite de la faiblesse du système immunitaire pour se déclarer (infection opportuniste). Une personne séropositive - qui vit avec le VIH, le virus du sida - a plus de risque de contracter une tuberculose (co-infection) qu'une personne séronégative. Le VIH et le bacille de Koch favorisent mutuellement leur progression, ce qui augmente les risques de décès.

Evitable mais mortelle


On peut cependant être bien traité et guérir de la tuberculose. "On estime que le diagnostic et le traitement de la tuberculose ont permis de sauver 53 millions de vies entre 2000 et 2016", déclare l'OMS.

Mais si on ne se soigne pas, on peut en mourir, ce qui est le cas aujourd'hui dans de nombreux pays. "En 2016, 10,4 millions de personnes ont contracté cette maladie et 1,7 million en sont mortes (dont 0,4 million ayant aussi le VIH [le virus du sida, NDLR])", indique encore l'agence onusienne. "Plus de 95 % des décès dus à la tuberculose surviennent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire", ajoute-t-elle.

Les acteurs en pointe dans la lutte


En Côte d'Ivoire, les structures en pointe dans la campagne contre cette maladie sont le Programme national de lutte contre la tuberculose (PNLT, public), et l'ONG Alliance-Côte d'Ivoire, qui appuie des organisations communautaires. On peut y inclure des bailleurs comme l'Etat ivoirien, le Fonds mondial, institution financière créée en 2002 qui intervient dans la lutte contre trois maladies : sida, tuberculose, paludisme.

Par ailleurs, le PNLT et l'Alliance-Côte d'Ivoire ont plusieurs partenaires dont des agences de l'ONU (OMS, Onusida) ainsi que des initiatives comme le Plan d'urgence présidentiel américain de lutte contre le sida (Pepfar, U.S. President’s Emergency Plan for AIDS Relief) pour appuyer plusieurs pays à travers le monde contre cette pandémie, et comme la Fondation Elizabeth Glaser pour la lutte contre le sida pédiatrique (Egpaf, Elisabeth Glaser Pediatric AIDS Foundation), qui soutient notamment des programmes de soins et de traitement anti-rétroviral depuis 2004 en Côte d'Ivoire.


La tuberculose, problème de santé publique, préoccupe les chercheurs africains, comme ici au Mozambique. Photo : AFP. La tuberculose, problème de santé publique, préoccupe les chercheurs africains, comme ici au Mozambique. Photo : AFP.

Les chiffres officiels


L'OMS tient une base des données communiquées par chaque pays sur la tuberculose. Les dernières statistiques concernant la Côte d'Ivoire sur ce portail, datant de 2016 (lors de leur consultation par Africa Check le 6 août 2018), rapportent une incidence de 153 tuberculeux pour 100.000 habitants et de 21.710 déclarés au total pour la même année, toutes formes confondues.

D'après les mêmes données, la mortalité est estimée à 23 pour 100.000 habitants en excluant les cas de co-infection VIH + tuberculose, et de 12 pour 100.000 habitants uniquement pour les co-infections VIH + tuberculose.

Le directeur-coordonnateur du PNLT, Dr Jacquemin K. Kouakou, a affirmé qu'il y a eu une "diminution modérée" en 2017, dans une déclaration à l'occasion d'une cérémonie publique en février 2018. Le nombre total de cas de tuberculose déclarés est passé "de 21.710 en 2016 à 21.309 en 2017", et sur ce total recensé, 47 % vivent à Abidjan, la capitale économique ivoirienne, a dit Dr Kouakou.

"En ce qui concerne les résultats du traitement chez les sujets contagieux - les nouveaux cas et rechutes de la cohorte (groupe de personnes concernées par les observations, NDLR) 2016 -, on note un taux de succès thérapeutique de 83 %", a-t-il poursuivi. Selon lui, ce taux est "en progression par rapport aux données de la cohorte 2015", ayant été de "81 %".

D'après M. Kambou, les légères améliorations notées en un an (moins de cas déclarés et meilleur taux de traitement en 2017 par rapport à 2016) ont été obtenues grâce à des mesures prises pour améliorer le suivi des patients et réduire le taux de perdus de vue. Il a notamment évoqué une méthode de "traitement directement observé" et de création de nouveaux centres de traitement antituberculeux.

Financements


De 2003 à fin 2017, le Fonds mondial a mis à la disposition de la Côte d'Ivoire plus de 493 millions de dollars américains, soit plus de 400,9 millions d'euros ou encore près de 263 milliards de francs CFA (précisément 262.989.765.648 francs CFA) pour la lutte contre le paludisme, la tuberculose et le VIH/sida, a indiqué récemment la présidente de l'Instance nationale de coordination des subventions du Fonds mondial (Country Coordinating Mechanism, CCM-Côte d'Ivoire), Dr Djénéba Ouattara N'Gnoh.

Des molécules contre la tubercolose ont été testées en Afrique du Sud en 2013. Photo AFP. Des molécules contre la tubercolose ont été testées en Afrique du Sud en 2013. Photo AFP.

Dr Ouattara N'Gnoh s'exprimait le 15 février 2018, à l'occasion de l'annonce officielle d'une nouvelle subvention du Fonds mondial à la Côte d'Ivoire contre les mêmes maladies. L'institution financière a accordé à ce pays ouest-africain un peu plus de 124 milliards FCFA (plus de 219 millions de dollars / plus de 189,5 millions d'euros) pour la période de 2018 à 2020, soit trois ans.

Ces nouvelles subventions "vont permettre de concilier les résultats déjà atteints par la Côte d'Ivoire et accélérer l'effort pour le contrôle de ces épidémies", a déclaré lors de la cérémonie la gestionnaire de portefeuille pour la Côte d'Ivoire au Fonds mondial, Sonia Floris, citée par la presse en ligne.

Selon un document transmis à Africa Check par CCM-Côte d'Ivoire, sur les plus de 124 milliards de francs CFA de nouveaux financement alloués, un peu plus de 12,4 millions d'euros (près de 14,35 millions de dollars / près de 8,14 milliards de FCFA) sont destinés à la lutte contre la tuberculose.

D'après Edouard Sansan Kambou, l'enveloppe pour la lutte contre la tuberculose inclut "4,4 millions d'euros (près de 5,09 millions de dollars / plus de 2,88 milliards de FCFA) pour Alliance-Côte d'Ivoire" et un peu plus de 8 millions d'euros (près de 9,26 millions de dollars /plus de 5,25 milliards de FCFA) pour le PNLT.

Selon la responsable de la Communication du PNLT, Dr Amenan Kouamé, ce programme "a perçu environ 3 millions d'euros" (près de 3,3 millions de dollars / près de 1,97 milliard de francs CFA). Elle n'a pas fourni de détails.

Sous-diagnostic et sous-financements


En dépit des efforts consentis, autorités et experts s'accordent à dire que les défis à relever demeurent nombreux pour de meilleurs résultats de la lutte, évoquant notamment un sous-diagnostic et une faiblesse des financements en Côte d'Ivoire.

Des aspects communs à plusieurs pays du continent, selon la directrice régionale de l'OMS pour l'Afrique, Dr Matshidiso Moeti, qui l'a souligné le 24 mars 2018 dans une déclaration à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose.

"Nos systèmes de santé ne détectent que la moitié des cas de tuberculose existants" ; par ailleurs, "les gouvernements ne mobilisent qu'un quart des ressources requises pour la prise en charge appropriée des patients tuberculeux, et 40 % des besoins financiers en matière de lutte contre la tuberculose ne sont toujours pas comblés", a dit Dr Moeti.

Edité par Coumba Sylla

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