Retour sur Africa Check

Nos conclusions d'un projet d'un an de recherche sur la désinformation

En 2019, Africa Check, Chequeado et Full Fact se sont lancés dans un projet de recherche d'un an pour aller au fond des nombreuses questions clés que nous nous posons en tant que vérificateurs des faits.

Au cours de cette période, nous avons publié 11 notes, sur des questions urgentes pour la communauté des vérificateurs de faits, telles que : qui croit et partage la désinformation ? quels sont les impacts et les solutions possibles face à la désinformation en matière de santé ? et, ce qui est connu sur les croyances au conspirationnisme.

Chaque article a été revu par des experts du domaine, qui nous ont conseillé sur les derniers développements des connaissances universitaires dans chaque domaine et sur ce qu'il fallait prendre en compte. Nous avons également contacté les personnes chargées de vérifier les faits, les institutions universitaires et les médias, et avons participé à des événements pour faire connaître ces travaux et la façon dont ils pourraient influencer notre pratique.

Dans notre synthèse finale, nous résumons ce que nous avons appris de la publication de ces 11 notes et nous nous appuyons sur six conclusions clés :

  • Certains publics seront plus vulnérables à la désinformation que d'autres, mais une certaine tendance à croire des choses qui sont répétées, faciles à retenir et conformes à notre vision du monde nous rend tous enclins à croire à la désinformation dans une certaine mesure.

  • Les vérifications de faits qui identifient ce qui ne va pas, expliquent pourquoi et fournissent la bonne réponse, sont les plus efficaces pour "mettre à jour" les croyances.

  • Pour les débats de longue date, les corrections peuvent être une bataille difficile. Les preuves de l’impact des vérifications des faits dans la mise à jour des croyances pour certains types de désinformation, comme la désinformation sur les vaccins et les conspirations, sont mitigées et il existe peu de preuves du rôle des vérifications des faits dans la modification des comportements liés à ces croyances. Pour ces allégations, l'approche la plus efficace consiste à empêcher leur apparition et leur diffusion.

  • La manière dont nous présentons les vérifications des faits est importante. Malgré l'émergence d'une multitude de formats médiatiques, les articles qui placent les informations les plus importantes au sommet, évitent le jargon et réduisent au minimum les distractions, sont le moyen le plus efficace de communiquer des informations.

  • Les programmes d'éducation aux médias et à l'information sont prometteurs. Les interventions auprès des participants jeunes et adultes, y compris les formations de longue durée en classe ou simplement les formations de courte durée en ligne, ont toutes été jugées capables d'améliorer la capacité du public à réfléchir de manière plus critique sur les informations qu'il rencontre. Nous avons besoin de plus de recherches pour déterminer comment ces compétences évaluées se traduisent en comportements dans le monde réel.

  • La vérification des faits peut avoir un impact sur le comportement des politiciens. Nous devons mieux comprendre les circonstances qui rendent cette méthode plus efficace et comment en faire un effet durable.

Habituellement, les rédacteurs en chef et les vérificateurs de faits se précipitent pour respecter les délais. C'est pourquoi nous avons résumé les résultats sur  une liste d'une page qui ressort les différentes étapes de la vérification des faits, de la production à la publicité. Nous espérons qu'elle constituera une ressource utile que les praticiens pourront utiliser dans leur travail quotidien.

Nous avons distillé les principaux enseignements pour les vérificateurs de faits sur la base de toutes les preuves recueillies, évaluées et analysées à travers ces quatre étapes :

Étape 1 : Production

Agir rapidement, en effectuant la vérification des faits le plus tôt possible afin de réduire la probabilité que des allégations inexactes soient répétées. Lorsque nous cherchons à obtenir des corrections, elles sont nettement plus efficaces lorsqu'elles proviennent de la même source que celle qui a produit les informations erronées au départ.

Étape 2 : Contenu

Expliquez à votre public pourquoi quelque chose ne va pas afin de mettre à jour leurs connaissances à long terme. Formulez votre titre comme la réponse dont vous souhaitez que votre public retienne, et veillez à inclure, dans la mesure du possible, un objet clair, une affirmation, un verdict clair sur l'exactitude de l'affirmation et une explication du verdict. Il est normal d'être transparent sur ce que vous ne savez pas, mais précisez où se situe l'incertitude.

Étape 3 : Format

Une image peut attirer l'attention sur les médias sociaux, mais n'incluez que des images qui soutiennent vos conclusions pour qu'il soit plus facile de se souvenir des conclusions de votre vérification des faits. Néanmoins, le texte est le meilleur moyen de transmettre l'information. En particulier, avec une mise en page propre qui ne distrait pas votre public. Utilisez des paragraphes courts, sur une seule colonne.

Étape 4 : Publicité

Essayez de vous concentrer sur la désinformation que votre public pourrait avoir entendue plutôt que d’amplifier des affirmations non fondées. Posez-vous toujours la question suivante : l'allégation vaut-elle l'attention ? Y a-t-il un feu à éteindre, ou sommes-nous plutôt en train d’attiser le feu ?

Nous avons également rencontré des difficultés et identifié des lacunes dans la recherche et des domaines d'investigation futurs.

Nos recherches ont porté sur la littérature universitaire en psychologie, en sciences politiques, en éducation, en santé et en communication - un groupe de disciplines diverses qui souvent ne couvrent pas ou ne sont même pas au courant de la vérification des faits en tant que pratique.

Par conséquent, nous avons besoin de plus d'études adaptées aux particularités de notre travail. En outre, de nombreuses études sont menées en laboratoire et dans des conditions expérimentales, ce qui garantit une validité interne, mais on ne sait pas très bien comment cela s'applique aux contextes réels dans lesquels la désinformation se répand.

Lacunes en matière de vérification des faits dans les pays du Sud

En outre, la recherche a tendance à couvrir de manière disproportionnée les pays les plus développés, en particulier les États-Unis. Cependant, la vérification des faits a évolué et s'est étendue dans le monde entier. Selon le Duke Reporters' Lab, en octobre 2020, on comptait 304 initiatives dans 84 pays, dont 82 en Asie, 40 en Amérique du Sud et 21 en Afrique. L'une des principales lacunes générales identifiées dans ce travail est donc le manque de recherche sur la vérification des faits dans le Sud.

Au cours du projet, nous avons cherché à fournir des idées et des recommandations aux praticiens. Nos briefings montrent cependant qu'il est possible d'améliorer la recherche sur la vérification des faits.

Nous considérons que ce n'est que le début d'une conversation honnête sur ce que nous faisons et comment nous pouvons être plus efficaces dans la lutte contre le problème de la désinformation.

Les vérificateurs de faits, les chercheurs et les bailleurs de fonds peuvent faire avancer ces discussions et le programme de recherche afin de développer une approche de la vérification des faits davantage fondée sur des preuves.

Republiez notre contenu gratuitement

Veuillez remplir ce formulaire pour recevoir le code de partage HTML.

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
limite : 600 signes
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Voulez-vous continuer à lire nos vérifications des faits ?

Nous ne vous ferons jamais payer pour des informations vérifiées et fiables. Aidez-nous à poursuivre cette voie en soutenant notre travail

S’abonner à la newsletter

Soutenir la vérification indépendante des faits en Afrique