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60% des déchets au Sénégal sont-ils du plastique ?

Cet article date de plus de 3 ans

En janvier 2020, le Sénégal a durci sa législation contre l'usage du plastique en adoptant la loi relative à la prévention et à la réduction de l'incidence sur l'environnement des produits plastiques. L'adoption de cette loi est accompagnée d'une campagne de sensibilisation sur les effets néfastes du plastique.

C'est ainsi que dans un spot publicitaire réalisé dans le cadre de cette campagne, il est affirmé (en Wolof, langue la plus parlée du Sénégal) que sur 100 kilogrammes de déchets au Sénégal, les 60 sont constitués de plastique.

Nous avons vérifié pour savoir ce qu'il en est réellement.



Quelle est la source de cette affirmation ?


Contacté par Africa Check, le service de communication du ministère de l’Environnement et du Développement durable nous a orienté vers l’agence conceptrice de la publicité du nom de « Global Vision ».

Aly Mané, directeur de l’agence de communication nous a indiqué que le contenu a été fourni par le ministère de l’Environnement, ce qu’a réfuté à son tour ledit ministère.

Nous n’avons donc pas été en mesure de déterminer l’origine de la statistique énoncée dans la vidéo de sensibilisation, mais M. Mané nous a suggéré de mener les vérifications nécessaires auprès de l’Unité de Coordination de la Gestion des déchets solides (UCG).

Quelle est la composition des ordures ménagères au Sénégal ?


En novembre 2016, l’Unité de Coordination de la Gestion des déchets solides (UCG) a publié un rapport national de caractérisation des ordures ménagères et assimilées au Sénégal.

Cette étude réalisée avec la collaboration de l’Ecole Polytechnique de Thiès (EPT) a été menée durant l’année 2014 (Août/Novembre) et 2015 (Mars/Avril).

Le rapport souligne, pour la saison humide de l’année 2014 (Août/Novembre), que la production globale journalière d’ordures ménagères est de 6803,52 tonnes. Ces déchets se répartissent majoritairement en éléments fins avec « 46,96% du flux total », en putrescibles (sujet à la putréfaction), en textiles, en déchets plastiques et complexes.

La proportion de plastique dans les ordures ménagères et assimilées était de 10,38%.

Lors de la saison sèche de l’année 2015 (Mars/Avril), la production d’ordures ménagères au Sénégal a été de 6225 tonnes par jour. Ces déchets sont constitués majoritairement d’éléments fins. Les plastiques représentent 536,56 tonnes par jour, soit 8,62% de la production de déchets.

 



 

Le plastique ne représente pas plus de 10% de la production annuelle de déchets


En procédant à une extrapolation, le rapport national de caractérisation des ordures ménagères et assimilées au Sénégal estime que la production moyenne annuelle de déchets dans le pays est de 2 324 919,60 tonnes.

Avec 192 229,73 tonnes par an, les déchets plastiques représentent globalement 8,58% de la production annuelle nationale de déchets.

Pour obtenir les chiffres de la production de  déchets en 2019, nous avons contacté Pod Estelle Ndour, responsable du service économie des déchets solides à l’Unité de Coordination de la Gestion des déchets solides (UCG). Selon elle, la production nationale de déchets a été de « 4 142 000 tonnes » durant l’année dernière et « la proportion des déchets plastiques est de 10% » soit un total de 414 200 tonnes.

 


Pourquoi les éléments fins dominent-ils parmi les déchets ?


Les éléments fins sont « les matières dont le diamètre est inférieur à 20 mm », nous a expliqué Ibrahima Diagne, expert international en développement urbain et gestion des déchets solides. Ils sont essentiellement constitués « de sable, terre, éclats de poterie, verre, putrescibles... », selon l’ancien Coordonnateur de l'Unité de Coordination de la Gestion des déchets solides (UCG).

D’après le rapport national de caractérisation des ordures ménagères, « la poubelle des ménages est composée en majorité » d’éléments fins avec 52,63% de la moyenne annuelle.

Pour le spécialiste en gestion des déchets solides, cette grande proportion relève de plusieurs facteurs dont la « forte présence du sable » dans le cadre de vie, « la nature des habitats » ou encore « l'absence de tamisage » des déchets lors de leur collecte dans la rue ou dans les ménages.

En général, « les éléments fins ne sont pas valorisables », ce qui constitue une perte énorme de matières potentielles, selon M. Diagne. Il indique également que l’impact de ces éléments fins est « négatif » sur la valorisation des autres déchets.

Les déchets souillés nécessitent « beaucoup d'efforts de pré-traitement ce qui renchérit les coûts de valorisation », ajoute-t-il avec à titre illustratif les déchets plastiques qui nécessitent « beaucoup d'efforts de lavage » afin d’ôter « les éléments fins qui y sont fixés ».

Conclusion:  60% des déchets au Sénégal ne sont pas constitués de plastique


Dans un spot publicitaire du ministère sénégalais de l’Environnement et du Développement durable consacré à la lutte contre les déchets plastiques, il est indiqué que « sur 100 kilogrammes de déchets, 60 sont constitués de plastique. »

Selon le rapport national de caractérisation des ordures ménagères et assimilées au Sénégal, publié en novembre 2016, la proportion de déchets plastiques dans la production nationale de déchets est de 9,09%.

En 2019, sur une production nationale de « 4 142 000 tonnes », selon l’UCG, le plastique représente 414 200 tonnes soit environ 10% des déchets.

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