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Covid-19 : le margousier (neem) ne contient pas de la chloroquine

Cet article date de plus de 3 ans

Depuis quelques semaines, l'usage de la chloroquine dans le processus de traitement de la maladie à Coronavirus 2019 (Covid-19) est au centre des débats.

Tout est parti de l'annonce de l'infectiologue et microbiologiste français, Didier Raoult qui a indiqué avoir obtenu des résultats en recourant à cet antipaludéen. Depuis lors, la chloroquine est adoptée par certains pays dans le processus de traitement contre la Covid-19, malgré la controverse suscitée par l'annonce du Pr Raoult.

Ruée vers les feuilles de neem


Le neem, encore appelé margousier, est un arbre très répandu en Côte d’Ivoire et dont les vertus thérapeutiques sont connues. Dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, plusieurs personnes ont suggéré d'utiliser les feuilles de neem, portant l'idée que c’est à partir de ces feuilles que la chloroquine est fabriquée.

Des médias ivoiriens ont fait état d'une ruée vers cet arbre « pour se prémunir du coronavirus ».

Cette vidéo filmée en Côte d’Ivoire selon le site Seneweb, montre des personnes en train de couper des feuilles de neem. Elle a été partagée sur Twitter au Sénégal. Des messages diffusés sur la messagerie Whatsapp recommandent également de consommer les feuilles de neem pour prévenir le nouveau coronavirus.


Le neem, une plante à plusieurs propriétés médicales


Dans un article scientifique publié en 2016, Mohamed A Alzohairy du Collège des sciences médicales appliquées de l’université Qassim d’Arabie Saoudite parle des vertus thérapeutiques de la plante appelée neem ou Azadirachta indica de son nom scientifique.

Le chercheur énumère jusqu’à treize propriétés médicinales associées au neem, dont des activités antidiabétique, antioxydante, activité antibactérienne, antivirale, antipaludique, de même qu’un effet anti-inflammatoire.

Pour ce qui est de l’activité antipaludique du neem, Mohamed A. Alzohairy souligne qu’une expérience sur des souris albinos infectées par le plasmodium berghei ont révélé que les extraits de feuilles de neem et d’écorce de tiges réduisaient le niveau de parasitémie (la quantité d’un parasite présent dans le sang humain ou animal) respectivement de 51 à 80 % et de 56 à 87 %.

Une autre étude publiée en 2008 par Iroka J. Udeinya, Professeur de pharmacologie à l’Université du Nigeria, avait déjà trouvé des propriétés antipaludiques chez le neem.

Toutefois, aucune des deux études ne dit que le neem contient de la chloroquine. De même nous avons contacté Dr Erick Gbodossou, président de l'ONG PROMETRA active dans la médecine traditionnelle. Il nous a indiqué n'être au courant d'aucune recherche sérieuse montrant que le neem contient de la chloroquine.

La chloroquine ne vient pas directement d'une plante


Selon Alioune Dior Fall, Professeur Agrégé de Pharmacognosie à la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie de l’Université Chekh Anta Diop de Dakar, « les feuilles de Neem ne contiennent pas de la chloroquine ».

Contacté par Africa Check, il souligne que « la chloroquine n’est pas une molécule retrouvée au niveau des plantes. C’est un médicament dérivé de la quinine et obtenu par synthèse chimique. La quinine et la chloroquine, du point de vue structure chimique, ont en commun un noyau appelé quinoléine ».

D'où vient la quinine ?


Selon Pr Alioune Dior Fall, « la plante à partir de laquelle a été extraite pour la première fois la quinine est originaire d’Amérique latine et est appelée « quinquina » (nom scientifique : Cinchona officinalis). Il en existe plusieurs espèces dont la plus intéressante est Cinchona ledgeriana qui est l’une des plus riches en quinine qui est un alcaloïde ».

Il rajoute que « le neem (Azadirachta indica) quant à lui, est une plante originaire d’Asie qui a été introduite en Afrique. Il n’y a pas de quinine dans les feuilles de neem : le goût amer de celles-ci est conféré par des molécules de nature terpénoïde n’ayant aucune similitude structurale avec la quinine ».

De ce fait, « ces deux plantes sont différentes aussi bien du point de vue botanique que de leur composition chimique », conclut Pr Alioune Dior Fall.

Les explications du Pr Fall sont corroborées par celles du Professeur Ismaël Daly, pharmacien galénique, professeur à l’Université Felix Houphouët Boigny d’Abidjan. Dans un reportage sur la chaîne de télévision Business 24, il a insisté sur le fait que les feuilles de neem ne contiennent en aucun cas de la chloroquine.

Conclusion: le margousier ou neem ne contient pas de la chloroquine


Depuis l'annonce du médecin français Didier Raoult selon laquelle, la chloroquine donnait des résultats encourageants contre la Covid-19, plusieurs personnes se sont ruées vers les feuilles de margousier ou neem.

En effet, une croyance répandue veut que ce soit à partir de cette plante qu'est fabriquée la chloroquine.

Mais selon Alioune Dior Fall, professeur Agrégé de Pharmacognosie à la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, « les feuilles de neem ne contiennent pas de la chloroquine ».

Il précise que la chloroquine est un médicament dérivé de la quinine et obtenu par synthèse chimique et que la quinine elle-même est extraite d'une plante originaire d’Amérique latine appelée « quinquina ».

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