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FICHE D’INFO - Sénégal : la contribution du bois à l’économie

Cet article date de plus de 6 ans

Très convoité, le bois est une ressource forestière au cœur du conflit armé qui secoue le Sud du Sénégal. Cette fiche d’info donne un aperçu de son importance dans l’économie de ce pays.

L’arrêté ministériel du 11 janvier 2002 définissait déjà les types de bois exploités au Sénégal. Il y a le bois d’œuvre regroupant toutes les essences partiellement protégées et utilisées dans la menuiserie ébénisterie, la construction (charpente) et dans l’industrie. Ensuite, vient le bois de service qui comprend les tiges de bambou, les panneaux de « crinting », les lattes de rôniers, les piquets, les poteaux et les perches.

Enfin, le bois d’artisanat regroupe les sujets morts des espèces partiellement protégées ou non protégées, dont les diamètres sont supérieurs à 15 cm. Le charbon de bois est un des fruits de la transformation de tous ses types de bois.

La ressource et les acteurs


La forêt de la Casamance, une zone boisée en proie à la déforestation. Capture d'écran Youtube/Africa24. La forêt de la Casamance, une zone boisée en proie à la déforestation. Capture d'écran Youtube/Africa24.

Le directeur des Eaux et Forêts, Chasse et Conservation de sols, Baidy Bâ, a informé, lors d’une récente conférence de presse, que le Sénégal dispose de  210 forêts classées.

Selon ce haut fonctionnaire, le pays compte également 61 forêts aménagées où interviennent 245 000 producteurs et 363 organisations d’exploitants forestiers pour un chiffre d’affaires annuel de 15 milliards de francs CFA.

Pour organiser l’accès à la ressource, l’Etat délivre des permis de couper. Dans chaque région, en fonction des disponibilités de la ressource, l’Inspection régionale des eaux et forêts respecte un quota annuel à exploiter pour chaque type de bois.

Particularité de la région de Ziguinchor


En termes de ressources forestières, la région de Ziguinchor, sud-ouest, est la plus riche du Sénégal.

Africa Check a consulté le dernier rapport de la mission que le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Thierno Dieng, a effectuée en octobre 2017 dans cette région.

D’une superficie de 7 339 Km2, la région de Ziguinchor renferme 30 forêts classées de 116 805, 6 hectares et un domaine protégé de 346 359, 6 hectares, selon le rapport de mission.

Cumulé, cela représente un taux de couverture de 63% par rapport à la superficie de la région.

«Déforestation continue»


Toutefois, ces ressources forestières font l’objet d’un trafic. Haïdar El Ali, ex-ministre de l’Ecologie et de la Protection de la Nature, a confié à Africa Check que ce trafic se fait via des pays frontaliers comme la Gambie.

«Au-delà de Ziguinchor, cela explique une déforestation continue dans toute la Casamance. Si rien n’est fait, elle deviendra un désert », a-t-il alerté.

Le constat de l’écologiste est illustré par le dernier rapport de mission menée à Ziguinchor par son successeur au département de l’Environnement. On y mentionne les numéros d’immatriculation d’une dizaine de camions gambiens ayant fait l’objet de saisie par les forces de sécurité, dans la région de Ziguinchor.

Hégémonie du charbon de bois


L’Agence nationale  de la statistique et de la démographie (ANSD), dans son rapport sur la situation économique et sociale, renseigne que « les principaux produits de l’environnement sont ceux du bois et de la cueillette ».

«Pour les produits issus du bois, le charbon reste de loin le plus important, suivi du bois de chauffe», selon l’ANSD.



Interrogé par Africa Check, le président de l’Union nationale des coopératives des exploitants forestiers, Abdoulaye Sow,  précise qu’en 2013, le ministère de l’Environnement avait décidé de réduire le nombre de permis d’exploitation.

«On avait à peine produit 50 000 tonnes. Cela avait créé une tension. Il y avait une pénurie de charbon de bois. Mais en 2014, la situation a évolué. Il nous est interdit d’entrer dans les forêts classées. Nous ne sommes autorisés qu’à exploiter dans les forêts aménagées », a-t-il expliqué.

Premiers combustibles


Outre le charbon de bois, le bois de chauffe est la première source d’énergie au Sénégal. En 2012, une étude comparative  réalisée par le Centre pour les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique de la CEDEAO (CEREEC) montre  que 50% de la population sénégalaise utilise le bois de chauffe comme combustible et 8% le charbon de bois.

En 2015 par exemple, la consommation de bois de chauffe déclarée auprès des services des Eaux et Forêts a atteint 289 262 tonnes.

Cette situation est liée à la répartition démographique. Le dernier recensement de la population menée par l’ANSD renseigne que 54,8% de la population sénégalaise réside encore en milieu rural.

Pays importateur de bois


Le bois produit au Sénégal n’est pas suffisant pour satisfaire la demande, notamment l’artisanat et l’industrie ébénistes. C’est ce que révèle la dernière Note d’analyse du commerce extérieur produite par l’ANSD. Par conséquent, le pays importe cette matière première.

 

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